Si on cherche « Footbonaute » sur Google, on tombera sur une « machine miracle ». C’est une machine qui propulse jusqu’à 100 ballons en même pas sept minutes. Elle créé le hasard et simule par conséquent le jeu. Elle perfectionne les bons joueurs de football. Les joueurs et les membres du staff du Borussia Dortmund ont déjà adhéré aux bienfaits de cette machine miracle. Le BVB est avec le TSG Hoffenheim le seul club de Bundesliga qui utilise le footbonaute. Sven Mislintat affirme qu’il pourrait « en construire encore un autre ». Dans son interview avec DFB.de, le responsable en recrutement du BVB discute avec Nils Hotze à propos de la « machine miracle ».
Question : Monsieur Mislintat, en quoi le footbonaute est-il une machine miracle ?
Sven Mislintat : En premier lieu, le footbonaute est un dispositif d‘entraînement, une machine à ballons pour footballeurs qui peut être comparée à une cage, comme une salle de type « Soccerworld ». Ses dimensions intérieures sont de 14 mètres par 14 mètres, il est composé de 64 cibles, 16 de chaque côté et de deux tours au centre du terrain. Le joueur se positionne au milieu du terrain et les ballons lui sont donnés de diverses manières ; à raz de terre, en l’air, avec ou sans effet, à 30 km/h ou à 100 km/h.
Question : Que peut faire cette machine que l’on ne peut pas faire sur le terrain ?
Mislintat : Dans le footbonaute on peut simuler énormément de formes d’entraînement en un lapse de temps restreint. Nos joueurs jouent entre six minutes et demie et sept minutes et demie et touchent une centaine de ballons, donc plus de 200 contacts de balle. On peut reproduire ça sur le terrain, mais on aura besoin d’énormément de joueurs pour remplacer la machine. Dans le footbonaute, aucun ballon n’est perdu car il est doté d’un système de récupération. Cette situation d’ensemble est difficilement reproductible à l’extérieur. À cela s’ajoute de nombreuses possibilités d’évaluation complexes ; nous recevons énormément d’informations pour le diagnostic de performance à partir du point de départ de la balle jusqu’à son arrivée dans la cible. On peut ensuite établir des classements, mettre en place des profils, analyser les performances et reconnaître une progression ou une régression.
Question : Concrètement, quels objectifs d’entraînement sont à atteindre ? Réception de balle, passe, vitesse de traitement, capacité de concentration, charge physique. Rapidité et précision de passe. Capacité d’adaptation à une situation aléatoire.
Mislintat : Vous avez mentionné les objectifs majeurs. Dans le football d’aujourd’hui, le premier contact avec le ballon est un facteur élémentaire. Il ne s’agit donc pas seulement de la prise de balle, mais aussi de la direction dans laquelle va s’orienter le jeu lors des secondes qui suivent. Le footbonaute nous donne la possibilité de travailler de manière très centrée. Tout est filmé et peut être analysé par la suite pour être assimilé. On peut ensuite rentrer profondément dans les détails comme par exemple étudier le centre de gravité du corps, la distance entre les deux pieds, ce sont les deux aspects essentiels lors de la prise de balle. On apprend la précision dans le footbonaute.
Question : Grâce à la répétition ?
Mislintat : Aussi, mais nous recevons également des informations sur la durée qui sépare le premier contact du deuxième. On peut travailler spécifiquement avec le pied « faible ». On s’entraîne et on s’améliore sur la vision périphérique à l’aide de signaux acoustiques et visuels. Plus tard, on activera des cibles mobiles avec des lampes rouges et vertes. Ça veut dire qu’on ne doit pas seulement trouver la cible mais aussi décider si à ce moment précis les cibles peuvent recevoir le ballon. Grâce à cela on peut améliorer les performances de vision du jeu et l’anticipation. Les trajectoires sont également adaptées.
Question : Pour nous donner un moyen de comparaison, quelle est la vitesse d’action des joueurs au sein du footbonaute ?
Mislintat : Chez les meilleurs joueurs, même pas deux secondes s’écoulent entre la sortie de la balle de la machine et l’atteinte de la cible. Cela dépend ensuite du mode d’entraînement. En-dessous de deux secondes c’est très bien, entre deux et trois c’est bon, entre trois et quatre c’est moins bon, à partir de quatre on se situe à la limite. Les professionnels, même dans les modes d’entraînement les plus complexes, n’ont pas besoin de plus de deux secondes.
Question : Ce serait peut-être intéressant pour un joueur d’analyser son évolution sur un long terme.
Mislintat : Exactement ! Nous connaissons par exemple les données du joueur national U17 Felix Passlack lorsqu’il avait 15 ans. On peut les comparer à ses données d’aujourd’hui. Ce serait également intéressant de comparer les performances de Nuri Sahin avant et aujourd’hui. Si seulement on avait eu footbonaute à l’époque.
Question : Qui s’entraîne et à quelle fréquence dans le footbonaute ?
Mislintat : Ça dépend. Chaque joueur qui joue avec un ballon de taille 5 passe par le footbonaute. Plus souvent on y va, mieux c’est. La charge ne doit cependant pas être exagérée. Les jeunes joueurs doivent gérer leur temps avec l’enseignement et les professionnels avec leurs compétitions.
Question : Un joueur qui s’entraîne avec le footbonaute est-il toujours tout seul ou peut-on s’entraîner en binôme ?
Mislintat : Il n’y a pas de limites à la créativité. Au début les joueurs s’entraînaient seuls. Avec le temps on a établit de nombreuses possibilités d’interaction. Que ce soit en deux contre deux ou en mode foot-tennis à trois, on a une liberté totale. Notre rôle est de formuler des idées, on ne limite rien et personne à son développement.
Question : Est-ce que c’est vrai qu’un joueur qui s’entraîne avec le footbonaute après une blessure revient sur le terrain plus rapidement ?
Mislintat : Si les joueurs guérissent plus rapidement, je ne sais pas. Mais ils reviennent en meilleur état, ça c’est sûr. Le footbonaute constitue une étape entre la rééducation et la réinsertion du joueur dans l’entraînement collectif. Il nous permet de définit un entraînement individuel. Dans cette phase, il est primordial de solliciter de nombreux contacts avec le ballon ainsi que des mouvements de start-stop. C’est l’idéal pour le développement de la technique.
Question : Si c’est ainsi, pourquoi n’y a-t-il pas plus de clubs dotés d’un footbonaute ? Pour l’instant, seulement le club de 1899 Hoffenheim et le Borussia Dortmund ont accès à cette technologie.
Mislintat : Ce n’est pas à moi qu’il faut poser la question. Pour moi, l’investissement dans un footbonaute est tout à fait judicieux. Si un joueur, à travers son entraînement dans le footbonaute, parvient à réduire son temps d’action de 600 millisecondes à 300, et qu’il cumule ça sur un plus long terme, le résultat se fera ressentir sur l’ensemble de l’équipe. Pour être franc : je pourrais en construire un autre, au mieux pour les ballons de taille 4.
Question : Monsieur Mislinat, le footbonaute est finalement bien une machine miracle ?
Mislintat : Il y a un facteur qu’il ne faudrait pas négliger : en ce temps de progrès médiatique, le footbonaute reçoit un caractère motivant. On n’arrive plus à sortir les joueurs du footbonaute.
Un footbonaute, c’est ça :
Grand terrain synthétique de 14 mètres sur 14 mètres.
200 ballons avec 8 propulseurs, deux au milieu de chaque côté.
64 cibles, 16 sur chaque côté, 1,40 mètre sur 1,40 mètre.
7 mètres d’espace entre le joueur et le propulseur.
De nombreuses variations de paramétrage.
Principe de base : le ballon sort du propulseur après un signal et doit atteindre une cible.
L’inventeur de cette machine, Christian Güttler de Berlin, a dit de son footbonaute : « Cette machine créé le hasard »